Formation professionnelle Ecouter le texte

La Formation professionnelle a ses quartiers dans le pavillon. Avec son toit qui descend presque jusqu’au sol et sa façade boisée, ce bâtiment singulier évoque un peu une grange. Mais à l’intérieur, c’est la lumière qui domine. Une girafe grandeur – presque – nature accueille le visiteur. Dans la partie atelier, un gorille se dresse sur ses pattes, en train d’être construit avec du papier mâché… De vastes volumes accueillent la douzaine de jeunes de 18 à 25 ans qui suivent la formation professionnelle. Pendant quatre ans, ils vivent ici en douceur leur passage à l’âge adulte.

Trois formateurs les accompagnent dans cette transition entre le monde de l’école et celui du travail. A leurs côtés, les jeunes approfondissent leurs connaissances générales, de l’anatomie aux mathématiques. Ils développent aussi leur créativité, que ce soit en pratiquant les arts plastiques ou en faisant des expériences de vie – trouver sa juste place dans un cercle social, se positionner en tant qu’individu, apprendre l’autodétermination…

Ici, chaque matin, les jeunes gens expérimentent le subtil équilibre entre liberté individuelle et relation au groupe. Les après-midis sont dévolus à la pratique d’une activité dans un des lieux de travail de La Branche ou dans une autre entreprise. A l’issue des quatre ans, ils seront en mesure de choisir un métier.

Domaine Natura Ecouter le texte

La ferme et les cultures (maraîchères, céréalières, herbes médicinales) ont été un des piliers de La Branche. Elles faisaient partie du domaine acheté en 1962. Elles permettent un rapport quotidien des bénéficiaires avec les animaux et la nature, reconnu pour ses vertus thérapeutiques. Elles fournissent une part importante de la nourriture cuisinée dans les maisons et au restaurant. Le domaine Natura, où tout est cultivé en biodynamie, est composé de quatre pôles : Ferme, Jardin maraîcher, Herbes aromatiques et médicinales, Chevaux.

La Ferme

Chaque matin à huit heures, l’équipe de la ferme organise la journée autour de la grande table dans la cuisine commune. Les jours de présence sont affichés sur le semainier avec les tâches de chacun qui varient d’une saison à l’autre : vaches ou brebis qui mettent bas, céréales à semer, pommes de terre à stocker, foin à rentrer dans la grange, soins à donner aux cochons de plein air…

Une douzaine de vaches et de génisses vivent en stabulation libre et toutes gardent leurs cornes – selon un des principes de la biodynamie. Les veaux restent sous leur mère pendant près de six mois, jusqu’à leur sevrage. La traite a lieu tous les jours, avec les bénéficiaires. Les fromages sont élaborés sur place deux fois par semaine puis affinés pendant cinq mois.

Des céréales (seigle, blé, épeautre, avoine), pommes de terre, courges et oignons sont cultivés sur trente cinq hectares, ainsi que du sarrasin, prisé par les abeilles du domaine. On y trouve aussi quelque cent trente arbres fruitiers.

Le Jardin maraîcher et horticole

Au Jardin maraîcher, les tâches sont liées aux saisons : semis, repiquage, arrosage, récolte, entretien des arbustes fruitiers,… l’équipe du jardin entretient et cultive environ un hectare de cultures de légumes diversifiés et de fleurs. Les bénéficiaires-jardiniers sont libres de choisir leur lieu de travail et l’équipe qu’ils vont intégrer pour la journée.

La devise du Jardin maraîcher et horticole : « Quand on sème, c’est pour la vie ! » Les semis, justement, sont une activité particulièrement appréciée des jardiniers qui, dès l’hiver, préparent les plantons à partir de graines de variétés anciennes, sous l’une des quatre serres. Cinq tunnels de culture permettent de prolonger les saisons tard dans l’automne et de protéger les cultures les plus délicates : tomates, aubergines, poivrons, courgettes, haricots, salades, entre autres. Des légumes de garde trouvent aussi leur place dans les tunnels et la grande parcelle de plein champ : choux, betteraves, oignons, poireaux, céleris,…

Pendant neuf à dix mois de l’année, les cultures du Jardin maraîcher permettent de couvrir une partie des besoins des cuisines de La Branche. La grande majorité des plantons du jardin sont réalisés sur place. Une fois par an, au mois de mai, ils sont vendus au public.

Les Herbes aromatiques et médicinales

Une partie des quelque deux cent trente kilos de fleurs et d’herbes aromatiques et médicinales élaborés chaque année par nos soins est cultivée sur une parcelle du domaine, près d’un petit étang propice à la biodiversité. Le reste est le fruit de cueillettes sauvages (forêts, champs, etc.), qui sont l’occasion de sorties appréciées par les bénéficiaires.

L’activité de l’atelier varie beaucoup d’une saison à l’autre. En hiver, l’équipe se réunit au chaud, au milieu des effluves des fleurs et plantes séchées, pour élaborer ses produits : pesage et ensachage des mélanges pour tisanes, préparation du sel aux herbes,… Dès le printemps, les quelque vingt bénéficiaires redeviennent jardiniers et préparent la terre, sèment et prennent soin des cultures. Après leur récolte, fleurs et herbes sont effeuillées à la main, ou coupées. Des séchoirs performants permettent de conserver tous leurs arômes. Elles sont ensuite stockées dans de grands fûts.

Les mélanges pour tisanes ont été élaborés par l’équipe.
Trois maîtres socioprofessionnels – un droguiste, une herboriste et un jardinier – conçoivent aujourd’hui de nouveaux mélanges.

L’Atelier équestre

Chaque matin, les quatre bénéficiaires de l’Atelier équestre viennent se former au métier de gardien de chevaux. Ils entretiennent les abris, les trois parcs et la piste équestre, prennent soin de la ponette, des deux juments et du cheval qui sont éduqués pour travailler en hippothérapie. Peu à peu, ils apprennent à sortir les chevaux et à les longer avec confiance.

A La Branche, tout est fait pour assurer aux équidés un environnement proche de leurs besoins naturels. Ici pas besoin de box fermés car les animaux déambulent à leur guise en stabulation libre ; ils ne sont pas ferrés mais vont « pieds nus » ; ils sont nourris au foin en « slow feeding », et non à heures fixes avec un seau de céréales. Cette approche globale guide aussi les soins que les bénéficiaires apprennent à leur prodiguer (argile, phytothérapie, homéopathie,…).

L’atelier est responsable de la bonne santé physique et morale des chevaux qui, tous les après-midi, sont mis à disposition de la thérapeute équestre. Dans le cadre de la gestion écosystémique du site, les chevaux pourraient, à terme, être aussi utilisés pour livrer aux foyers les produits de la ferme et du jardin.

La culture biodynamique

A La Branche, tout est cultivé en biodynamie. Ancêtre de l’agriculture biologique, la biodynamie a été conceptualisée par Rudolf Steiner à la demande d’un groupe d’agriculteurs désireux de mettre leurs pratiques en commun. Il a présenté le résultat de ses réflexions en 1924 lors de huit conférences intitulées « Cours aux agriculteurs ». L’agriculture biodynamique n’utilise ni engrais ni pesticides chimiques et tient compte des calendriers lunaire et planétaire. Par ailleurs, huit préparations sont ajoutées aux sols, cultures et composts : bouse de corne pour le sol, silice de corne pour les parties aériennes des plantes et six autres amendements pour le compost, élaborés avec des plantes médicinales fermentées cueillies sur le domaine. Les équipes de la Ferme et du Jardin concoctent sur place ces préparats qui permettent d’obtenir un sol plus vivant, gage d’une meilleure qualité des produits comme l’ont montré les études scientifiques menées depuis 1978 par le FiBL. Le label Demeter garantit que la production est conforme aux principes de la biodynamie.

Ateliers artisanaux Ecouter le texte

Les ateliers artisanaux sont rassemblés dans un grand bâtiment à trois ailes, situé en lisière des champs. Les bénéficiaires s’y retrouvent pout fabriquer des cahiers, linges tissés, bougies en cire d’abeille (depuis 1986), allume-feu et autres hôtels à insectes. Lieu de socialisation et d’ancrage de leur identité professionnelle, les ateliers artisanaux sont un point de repère essentiel pour les résidents de La Branche. Ils offrent une trentaine de places de travail adaptées à leurs capacités. Les bénéficiaires travaillent en général dans deux ateliers et peuvent demander à en changer chaque année.

Toute la production des ateliers artisanaux est destinée à la vente (notamment en ligne). Cette visibilité est un puissant stimulant pour les travailleurs et donne du sens à leur activité. Plusieurs fois dans l’année, des bénéficiaires participent aussi à la livraison de leurs produits chez les clients.

Atelier tissage

Une grande pièce lumineuse dispose de dix-sept métiers à tisser manuels. Il y en a des larges et des étroits, les cadres sont de hauteurs variées. Ici c’est la couleur qui domine. Partout, des fils violets, verts, oranges, sont enroulés sur les ourdissoirs: ils forment la «chaîne» du tissu, qui est à la base de chaque projet de tissage. Les tisserands viennent y glisser le fil de «trame», à l’aide d’une navette et des pédales qui permettent aux fils de se croiser.

Le tissage, activité précise et assez technique, permet une grande autonomie. Une dizaine de bénéficiaires peuvent tisser ensemble, chacun à leur rythme. Ils disposent d’un métier à eux, où les attend leur ouvrage personnel sur lequel ils ont plaisir à revenir jour après jour. Chaque article est donc réalisé par un même tisserand qui a choisi pour son projet les couleurs des fils, ensuite disposés de sorte à obtenir une tissu harmonieux.

Pour les linges, la couturière réalise les ourlets sur place. C’est la seule intervention sur les linges des tisserands.

Cahiers sur mesure

L’atelier cahiers occupe une partie du rez et ouvre sur les champs de céréales. Des oiseaux de toutes les couleurs, en papier plié, accrochés au plafond, semblent avoir suspendu leur vol dans l’atelier. Aux murs, des dessins. Tout autour de la pièce, des rayonnages avec des piles de papiers coupés, de fourres multicolores et de cahiers en cours de fabrication.

La fabrication artisanale de cahiers permet une gamme de gestes variés. De la découpe du papier au massicotage du cahier en passant par le pliage des feuilles et leur comptage, le rainurage de la fourre et  l’assemblage, quatorze postes de travail adaptés aux capacités de chaque bénéficiaires sont disponibles.

Près de huitante mille cahiers sont fabriqués ici chaque année. Les trois quarts de la production sont destinés aux écoles Steiner de Suisse ou de France. Des écoles de musique, des jardins d’enfants sont aussi des inconditionnels des cahiers de La Branche.

Atelier bois et recyclage

L’atelier et l’espace de coupe sont séparés par une grande vitre qui laisse passer la lumière et le son puissant des scies. Six postes de travail sont proposés aux bénéficiaires de l’atelier bois. Installés sur leurs établis, ils fabriquent des hôtels à insectes et des fagots pour les k-lumet.

Grâce à une scie circulaire haute sécurité, les bénéficiaires sont particulièrement autonomes sur le poste découpe du bois de chauffage et d’allumage.

C’est aussi dans cet atelier que les petits appareils hors d’usage de La Branche finissent leur vie. Ils sont démontés pour leurs cartes électroniques, bobines et fils de cuivre – extraits de leurs gaines grâce à un astucieux moulin. Une centaine de kilos de cuivre, triés selon leur oxydation, sont notamment récupérés chaque année.

Deux ou trois fois par semaine, des sorties sont organisées pour aller chercher le bois en forêt, ou livrer des clients.

Atelier bougies

Deux à trois fois par an, pendant trois semaines, une équipe de bénéficiaires se relayent autour de la fabrication des bougies en cire d’abeille. Elles sont fabriquées à La Branche depuis 1986, date de mise en route du premier atelier artisanal dédié à la fabrication de bougies naturelles.

Ateliers d’intégration et de ressourcement (AIR) Ecouter le texte

Mis en place depuis 2010 et situés en plein cœur de La Branche, les AIR accueillent une trentaine de bénéficiaires avec peu d’autonomie dans quatre ateliers. Pour les plus jeunes, les apprentis qui sont en formation professionnelle, les AIR représentent une étape de découverte  et d’expérimentations facilitant leur entrée dans le monde du travail. Ils y apprennent des gestes techniques et acquièrent des compétences sociales. Les AIR offrent un cadre flexible et adapté où le lien étroit et construit avec les maîtres socioprofessionnels permet de prendre confiance en soi.

Les AIR ouvrent l’univers des travailleurs en leur proposant une grande palette  d’activités pour expérimenter des outils et matériaux variés, oser changer des postures, éviter la monotonie. Une des manières de donner du sens est de permettre aux travailleurs de participer à l’élaboration d’un produit fini : carottes pelées pour le restaurant, gomasio moulu au mortier puis mis en bocaux pour la boutique, flocons d’avoine passés au moulin, conditionnés et livrés aux maisons, création de décors pour diverses fêtes institutionnelles, participation à l’atelier boulangerie, etc.

Les AIR, où le travail est organisé selon les rythmes et besoins de chacun, visent à devenir un pôle ressource pour les autres ateliers plus productifs. Les travailleurs qui ont besoin de plus d’attention peuvent par exemple y apprendre un geste technique, séquence précise d’ une tache définie. Un travailleur qui a besoin de se reposer quelques semaines peut aussi intégrer les AIR le temps d’une pause (hypostimulation). Un accent particulier est mis  sur l’ergonomie des places de travail, l’immersion dans la nature environnante et le mouvement comme facilitateur proprioceptif des interactions sociales.

Ambiance : lueur des bougies qui éclairent la pénombre, effluves d’huiles essentielles, instruments de musique du monde entier… L’atelier « Jade » accueille une douzaine de bénéficiaires pour le « massage sonore », une pause de détente sensorielle proposée chaque semaine aux AIR. Flûte amérindienne, talas indiennes, bols tibétains de toutes tailles, bâton de pluie géant, carillons… Les deux MSP-animateurs ont à leur disposition près de trente instruments pour accomplir leur massage sonore. Beaucoup de notes graves, quelques aigus : tout en se déplaçant parmi l’assistance ils créent les sons qui enveloppent et procurent du bien-être.

Domaine commerces
et développement Ecouter le texte

Un édifice moderne inauguré en 2010 et un grand parvis qui évoque une place de village : le bâtiment Arpège est le lieu de rendez-vous de La Branche. Dès le printemps, la place se fait encore plus accueillante avec ses tables oranges et ses parasols. C’est dans ce bâtiment ouvert au public que le domaine commerces et développement a ses quartiers, avec trois lieux de travail: le restaurant, l’épicerie et l’atelier boulangerie.

Au rez, le restaurant. De larges ouvertures donnent sur la place et, au-delà, sur les Préalpes. A toute heure, on y croise collaborateurs et visiteurs qui viennent y prendre un café, un repas ou lire un des quotidiens mis à disposition. Chaque midi, un menu est concocté par des cuisiniers et des bénéficiaires.

En face du restaurant, l’épicerie. Un collaborateur, un apprenti et un bénéficiaire y conseillent les clients. En plus des produits des ateliers artisanaux, les clients trouvent une épicerie en vrac et bio. Les circuits courts sont favorisés avec notamment les fruits, légumes et lait de la ferme du domaine. Mais aussi des thés et des cafés équitables, des chocolats crus. Outre la boulangerie, l’épicerie propose des produits pour végétariens, véganes ou intolérants au gluten ainsi qu’au lait de vache; l’assortiment très étendu comprend des cosmétiques bio et des produits ménagers vendus en vrac.

A l’étage se trouve le laboratoire de la boulangerie éclairé par de vastes fenêtres qui donnent sur les plantations d’herbes aromatiques. Chaque année, six tonnes de céréales de la ferme sont moulues ici, sur meule de pierre. Épeautre et sarrasin sont ensuite travaillés dans un pétrin spécialement conçu pour les blés anciens. Les pains complets sont façonnés par l’équipe avec un levain naturel entretenu depuis trente ans. Douze bénéficiaires travaillent à l’atelier boulangerie. Certains sont déjà formés, d’autres acquièrent leurs compétences professionnelles auprès du boulanger. Trois maîtres socioprofessionnels veillent à trouver l’équilibre entre l’accompagnement des personnes et l’exigence de la production – pains, croissants doivent être livrés chaque jour.

Les métiers à La Branche Ecouter le texte

Assistant restaurant
Assistant boulanger
Assistant gestionnaire de commerce
Assistant agricole
Assistant gardien de chevaux
Assistant maraîcher
Assistant herboriste
Fabricant de cahiers
Aide tisserand
Fabricant de bougies
Aide menuisier
Les métiers des Ateliers d’intégration et de ressourcement (AIR)